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Good Sad Happy Bad, Shades (Textile Records)

Good Sad Happy BadPour une formation aussi habituée à la transmutation, la réapparition de Micachu & The Shapes sous le nom de Good Sad Happy Bad (entamée dès 2016 pour ceux qui suivent) donne presque l’impression d’une évolution naturelle. Ayant toujours préféré faire valdinguer son centre de gravité, passant tout naturellement de projet semi-solo électronique maniaque à organisme punk flou à trois têtes, le groupe formé par Mica Levi, Raisa Khan et Marc Pell n’a fait que dériver tête baissée vers l’incertain et le vaporeux au fil des années (avec quelques merveilles en chemin, comme ce Never en 2012, niché haut dans notre top décennal). Et ce retour inattendu derrière un patronyme chipé au titre de leur dernier album sorti en 2015 (et avec une personne de plus dans l’équipe, CJ Calderwood au saxophone) est donc l’occasion rêvée pour eux d’être autre chose, ailleurs, différemment, encore une fois. Continuer la lecture de « Good Sad Happy Bad, Shades (Textile Records) »

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Jack Name, Magic Touch (Mexican Summer)

Nombreux sont, ces temps-ci, les amoureux séparés. Les amoureux confirmés, ou ceux qui n’ont pas eu le temps de se l’avouer. Pour tromper l’isolement imposé par leur mère, les sœurs Lisbon, dans une scène inoubliable du Virgin Suicides de Sofia Coppola, dialoguent avec les garçons en chansons, le téléphone contre la platine. Todd Rundgren chante  Hello, it’s me et Gilbert O’Sullivan, en la voix des adolescentes, soupire : Alone again, naturally. Sur Magic Touch, Jack Name est cette âme esseulée au bout du fil. A la place du tourne-disque, sa guitare, mais avec une même urgence à rétablir, par la musique, une certaine proximité.

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Star Feminine Band, s/t (Born Bad)

star feminine band« La musique, c’est notre affaire, la musique, c’est notre boulot »

Ce ne sera pas manquer de respect à ce collectif de jeunes femmes du Bénin que de laisser à d’autres, beaucoup plus savants et éclairés, le soin de développer l’histoire précise et le contexte géographique et culturel de la création de ce disque. Je pense notamment au brillant texte de Jacques Denis pour le site Pan African Music, agrémenté d’un entretien approfondi avec André Balaguemon, professeur et ange gardien de tout ce petit monde. Le Star Feminine Band est le fruit d’un accompagnement dans le cadre d’une école de musique, dans le village de Natitingou au nord du pays. Dans un carcan socio pédagogique qui pourrait se révéler étouffant, elles ont généré une musique d’une liberté et d’une simplicité qui donne le sourire, tout en véhiculant une énergie juvénile, comme un bain de jouvence. Continuer la lecture de « Star Feminine Band, s/t (Born Bad) »

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La Récré, Ne Penser à Rien EP (BMM)

Un peu plus d’un an après un excellent EP chroniqué ici-même, La Récré, le duo formé par Émile Sornin (Forever Pavot) et Cédric Laban, (Isaac Delusion) revient aux affaires avec Ne Penser à Rien. Ils retrouvent à nouveau le label Black Milk Music (Fat Badgers, M.A. BEAT!…) Le groupe affine ici encore d’avantage sa formule punk jazz, selon la description bandcamp des intéressés. Du punk, les Français ont gardé la liberté de ton et cette capacité à se défaire des conventions. Leur musique est certes ancrée dans le jazz, mais ne se contente pas de réciter les fondamentaux. La simplicité d’Absolument Rien n’a, par exemple, rien d’austère. Continuer la lecture de « La Récré, Ne Penser à Rien EP (BMM) »

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Le Chevalier de Rinchy, Espace Reggae Révolution (Le Vilain Chien)

Le Chevalier de RinchySorti en janvier dernier sur Le Vilain Chien, il n’est jamais trop tard pour parler de ce classique immédiat et intemporel qu’est Espace Reggae Révolution, le second album du Chevalier de Rinchy, faisant suite à Mes Plus Belles Chansons d’Amour, paru en 2007. Entre les deux, il y a eu également le CD-R aujourd’hui introuvable Jingles, Interludes et Dimanche Minuit (2009), rassemblant nombre de jingles que Guillaume a dû composer quand il travaillait pour la publicité (il a aussi été acteur dans certaines d’entre elles). Ce nouveau disque du Chevalier propose ici vingt titres au cœur d’une trilogie impossible : l’espace, le reggae et la révolution. Vingt titres qui prennent le temps de s’étirer davantage que sur le précédent, car on y trouve cette fois des chansons quasi entières, avec des couplets, des intros, des ponts, et des refrains. Continuer la lecture de « Le Chevalier de Rinchy, Espace Reggae Révolution (Le Vilain Chien) »

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Domenique Dumont, People On Sunday (The Leaf Label)

J’avais découvert Domenique Dumont, entité originaire de Riga (Lettonie), sous les feux croisés de recommandations privées (dont celle de l’avisé Michel Wisniewski, le patron de Scum Yr Earth, qui les avait vus en concert) et de prescriptions imparables (un texte de Stephen Pastel pour Monorail, sans doute). J’ai écrit « entité » parce qu’il y a un petit mystère autour de ce sobriquet francophile derrière lequel se faisait discret un certain Arturs Liepins. Solo, groupe, duo, mystérieux musicien français? Son entretien publié ici nous permettait de passer derrière le miroir des deux magnifiques disques inépuisables parus alors chez Antinote : Comme ça (2015) et Miniatures de Auto-Rhythm (2018). Continuer la lecture de « Domenique Dumont, People On Sunday (The Leaf Label) »

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Luluc, Dreamboat (Sun Chaser Records)

Jusqu’à présent, tout allait bien. Il y avait eu les prémisses prometteuses – Dear Hamlyn (2008). Puis était venu le temps de la consécration américaine, bientôt suivie de sa confirmation – Passerby (2014) et Sculptor (2018). Alors que cette belle trajectoire d’expansion progressive semble commencer à s’infléchir, il n’est malheureusement pas exclu que Dreamboat soit l’album dont personne ne songe à se préoccuper. Furtivement mise en ligne dans les méandres d’un automne très gris, publiée quasiment à compte d’auteur en dehors du catalogue Sub Pop, cette quatrième œuvre majeure du couple australien, immigré à Brooklyn puis récemment revenu se calfeutrer du côté de Melbourne – pandémie oblige – pour la première fois depuis dix ans, mérite tout autant que les précédentes d’être saluée à sa juste et grande valeur. Continuer la lecture de « Luluc, Dreamboat (Sun Chaser Records) »

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Once & Future Band, Deleted Scenes (Castle Face)

Sorti pendant le confinement, Deleted Scenes d’Once & Future Band mérite certainement que nous nous y attardions. Once & Future Band, déjà, en 2016, fut une excellente surprise, le genre d’albums que vous n’attendiez pas mais qui révèle sa richesse à chaque écoute, au point de revenir régulièrement sur la platine. À la marge des autres sorties de Castle Face, celles opérant dans les eaux du punk et l’expérimental (Oh Sees, Pow!, Damaged Bug, Eddy Current Suppression Ring etc.), Once & Future Band est un groupe maximaliste qui se détourne de certaines des règles du bon goût. En effet, si certains visent l’épure jusqu’à la disparition (des mélodies, de l’ambition, du travail de production), le groupe d’Oakland pratique une pop progressive, exaltée, mais heureusement sage sur les durées : seul deux des neuf titres de Deleted Scenes dépassent les cinq minutes. Continuer la lecture de « Once & Future Band, Deleted Scenes (Castle Face) »