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Andrew Taylor And The Harmonizers, Andrew Taylor And The Harmonizers (Rock Indiana)

Écouter les mêmes notes ; ressasser les mêmes mots : depuis vingt ans, Andrew Taylor compose des chansons magnifiques et trop peu de gens s’en soucient. Le résumé des épisodes précédents tient donc en une seule sentence lapidaire et ce n’est sans doute la publication de ce nouvel album, vendredi prochain, qui infléchira radicalement la suite du récit. Rien ici n’est fait pour déjouer l’implacable réalisme des prévisions ni même les attentes des rares impatients, déjà séduits par l’œuvre considérable du petit maître écossais et de tous ses alias – Dropkick, The Boy With The Perpetual Nervousness. Continuer la lecture de « Andrew Taylor And The Harmonizers, Andrew Taylor And The Harmonizers (Rock Indiana) »

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Jerusalem In My Heart, Qalaq (Constellation)

Qalaq Jerusalem In My HeartA Granular Buzuk, un titre du deuxième LP de Jerusalem In My Heart (If He Dies, If If If If If If, 2015) qui exprime en une image frappante la singularité du projet multimédia du producteur libano-canadien Radwan Ghazi Moumneh. D’un côté le Bouzouki (« Buzuk »), un instrument à corde traditionnel du répertoire de la Méditerranée orientale. D’un autre l’adjectif « granulaire », qui renvoie à une technique de synthèse sonore bien connue des praticiens du sound-design aventureux. Une formule qui évoque un syncrétisme ethno-futuriste qui serait évidemment tout sauf arbitraire : on pense à Jon Hassel et son concept de « quatrième monde », comme esthétique de l’hybridation du modernisme avant-gardiste et des musiques dites « traditionnelles » – « Un son futuriste combinant les caractéristiques des différentes musiques ethniques et traditionnelles avec des techniques électroniques avancées ». Car les disques de Jerusalmen In My Heart explorent ces territoires aux frontières par définition indéterminées que constituent la rencontre des chants mélismatiques arabes et de l’expérimentation électro-acoustique. Continuer la lecture de « Jerusalem In My Heart, Qalaq (Constellation) »

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Magdalena Bay, Mercurial World (Luminelle Recordings)

Avant même de se lancer tête baissée dans un plébiscite sans filtre du premier album du duo américain Magdalena Bay, envie de tout simplement leur dire merci pour avoir eu le bon goût d’être à la hauteur des attentes. Une série de quatre singles égrainés au fil des mois, tous plus réussis, entêtants et dingues les uns que les autres, culminant sur un album du même acabit, délesté de toute faute de goût. Ne pas décevoir quand on a tout à prouver, quel bonheur en ces temps de blase. Et d’autant plus grand quand il vient d’un groupe qui jusqu’ici avait eu un léger goût de divertissement, façon verre de grenadine un peu trop dilué. Certes il y avait eu de charmants EP et d’amusants petits tubes (How To Get Physical, bas du front mais diaboliquement attachant), mais il était difficile de parier un organe sur le fait que la paire serait capable de sortir de son chapeau le meilleur album de synthpop de 2021. Et pourtant, nous y voilà, il s’appelle Mercurial World, et il est im-pe-ccable. Continuer la lecture de « Magdalena Bay, Mercurial World (Luminelle Recordings) »

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Rémi Parson, Pour un empire (Isolaa Records)

« J’écris ces phrases avant la nuit,
ce rideau d’enfer qui tombe dru
et tout détruit,
c
hemin de croix,
machines arrières
»

Tout est histoire d’impressions. Quand je chausse mon casque Audio-Technica emprunté au travail, j’attends d’un disque qu’il me promène : géographies intimes ou imaginaires, dimensions temporelles, souvenirs, mondes alternatifs… Je n’attends que ça. A l’écoute de Pour un empire, je suis servi. Continuer la lecture de « Rémi Parson, Pour un empire (Isolaa Records) »

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The Parrots, Dos (Heavenly Recordings / PIAS)

Dos by The ParrotsLa dernière fois que j’ai vraiment prêté attention à leurs chansons, c’était en 2019, dans la moiteur d’un été madrilène, pendant un festival où je m’étais rendu avec une femme pour voir The Cure. Je ne connaissais pas grand-chose de ces gars-là : une reprise très addictive d’un hit reggaeton (!) – Soy Peor, le temps d’une version à faire passer les Happy Mondays pour les Petits Chanteurs à la Croix de Bois –, des accointances avec les filles de Hinds – voir et revoir le clip de Davey Crockett (une reprise de Thee Headcoats, je le précise car sinon Etienne et Bertrand, parmi les meilleurs d’entre nous, pourraient avoir envie à très juste titre de me casser le figure alors que je suis plutôt un pacifiste) – et le fait qu’un ami pour la vie était tellement persuadé de leurs talents qu’il s’est entiché de leur destinée – et cet ami-là s’est rarement trompé pour ces choses-là (et pour d’autres aussi). Continuer la lecture de « The Parrots, Dos (Heavenly Recordings / PIAS) »

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The War On Drugs, I Don’t Live Here Anymore (Atlantic)

The War On Drugs, I Don’t Live Here Anymore

Bribes de conversation avec un ami disquaire :

— Mais bordel, pourquoi tu t’infliges ce genre de merde ?!

— Conscience professionnelle, dude. Si des clients viennent m’en parler je suis un peu obligé de savoir de quoi il en retourne. Même si c’est totalement à chier.

J’ai parfois moi aussi, des crises de conscience professionnelle, un peu moins désagréable qu’une colite, mais tout juste. Aussi, après le formidable album virtuel de Daft Punk d’Abba, j’ai écouté pour vous le nouvel album de The War On Drugs. Je l’ai écouté en entier, vraiment, de bout en bout et au moins deux fois. Je pourrais donc affirmer à la va-vite, mais en toute bonne foi, que c’est une merde de plus mais ce n’est pas si simple. Car, un jour, vers 2011, j’ai eu foi en ce groupe. Voir notre Sunday Archive de la veille, histoire de fournir des preuves tangibles, mais oui, j’y ai cru. Pas bien longtemps et merci bien. Pour paraphraser brièvement un Mark Kozelek qui n’est plus en odeur de sainteté pour cause de metoo : « I Hate This Lead Guitar Beer Commercial Shit ».

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Aimee Mann, Queens Of The Summer Hotel (SuperEgo Records)

Aimee MannDébut de la chanson, début de la consultation, le docteur dit :
Give me fifteen, give me fifteen, give me fifteen minutes
That is all I need to make the call
Give me fifteen, give me fifteen, give me fifteen minutes
Women are so simple after all.
Et hop : hôpital psychiatrique.
Pont :
You’re feminine, you’re crazy
Et hop, et fin de la chanson : le docteur ne demande pas plus de quinze minutes pour se prononcer, et prononcer sa sentence, et en reste là :
Give me fifteen.
Aimee Mann sort un nouvel album, et ce devrait être un événement – dans un monde meilleur – et c’est un événement. Continuer la lecture de « Aimee Mann, Queens Of The Summer Hotel (SuperEgo Records) »

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Ian M Bailey, Songs To Dream Along To (Kool Kat Musik)

Comme souvent, tout est affaire, ici, de proximité et de connections fortuites. Entre les co-auteurs de cet album, en premier lieu, mais pas uniquement. Il y a quelques mois, Daniel Wylie évoquait au cours d’une interview estivale l’imminente publication d’un album cosigné avec un certain Ian Bailey. De ce dernier, on ignorait à peu près tout : quelques maigres indices ça et là, dont un album publié avec Charlotte Newman au sein de The Lost Doves – Set Your Sight Towards The Sun, 2020. L’automne est arrivé et Songs To Dream Along To avec lui, comme annoncé. On y reconnait d’emblée la patte coutumière du leader de Cosmic Rough Riders, son sens toujours captivant de l’accroche mélodique chaleureuse. Au-delà de ces retrouvailles ponctuelles avec la familiarité d’une œuvre chère, il y a quelque chose d’immédiatement accueillant dans cette première collection de onze chansons qui semblent toutes habitées par l’esprit de ceux qui ont construit, au fil des décennies, ces improbables ponts musicaux transatlantiques entre l’Ecosse et l’Amérique. De Teenage Fanclub à Dropkick, ils peuplent tous notre Panthéon personnel qui abrite donc un nouveau venu. Continuer la lecture de « Ian M Bailey, Songs To Dream Along To (Kool Kat Musik) »