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Mozart Estate, Pop-Up! Ker-Ching! and the Possibilities of Modern Shopping (West Midlands/Cherry Red)

Faire part de ses impressions après une seule écoute, je vous le concède, ça n’est pas très sérieux. Mais voilà, ces réflexions sont sorties, à chaud, il y a déjà tant de choses à dire. On verra si c’est un grower, ce qui est possible, dans ce cas, on y reviendra, et d’autres auront d’autres choses à dire, en mieux sans doute. Alors, pour moi, le très grand disque de Lawrence (disons hors Felt/Denim pour segmenter un peu) c’est bien Tearing Up The Album Charts  qui est un enchaînement de superbes et puissants tubes d’un autre temps, et dans lequel on sent une urgence liée à une science de la chose musicale hors du commun. Continuer la lecture de « Mozart Estate, Pop-Up! Ker-Ching! and the Possibilities of Modern Shopping (West Midlands/Cherry Red) »

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Naima Bock, Giant Palm (Sub Pop)

Naima BockEn voilà un qui a pointé le bout de son nez à la dérobée : on cuisinait, ce qui occupe la plupart du temps, et un algorithme d’après-disque a glissé la chanson Working, et malgré un timbre de voix, un calme, une atmosphère, un composé de discrétion, on s’est regardé frappé d’évidence, on a lancé la première plage d’un disque – écouté deux fois à sa sortie d’une oreille très certainement très distraite –, on a plongé sans délai, et depuis Naima Bock et son premier album Giant Palm enchantent le début d’année.

Et le meilleur : ce disque aurait trente ou quarante ans au lieu d’un, on le trouverait aussi formidable. Continuer la lecture de « Naima Bock, Giant Palm (Sub Pop) »

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Belle And Sebastian, Late Developers (Matador/Beggars)

belle and sebastianDans une dimension parallèle où la pureté esthétique règnerait sans partage, Stuart Murdoch et sa bande auraient cessé toute activité musicale il y a bien longtemps pour n’abandonner à la postérité qu’un legs rendu incontestable par sa densité et sa brièveté. Belle And Sebastian y ferait sans doute l’objet d’un culte plus fervent et, dans les rangs clairsemés des adeptes, on ne débattrait plus alors que de la juste position du curseur historique, variable selon la hauteur fluctuante des exigences. « Rien d’essentiel après If You’re Feeling Sinister, 1996 » péroreraient les plus intègres ; « Il y avait tout de même de belles choses jusqu’à Dear Catastrophe Waitress, 2003 » répondraient les réformistes indulgents. « Tout cela ne vaut ni les Beatles ni les Smiths ! » finiraient par conclure, inévitablement, la frange maussade et radicalisée. Continuer la lecture de « Belle And Sebastian, Late Developers (Matador/Beggars) »

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Nick Wheeldon’s Demon Hosts, Gift (Le Pop Club Records)

Gift Nick WheeldonTomber en émoi pour un disque n’arrive pas souvent. Passer son temps à écouter la multitude de parutions, trouver que dans cette multitude, nombreuses sont les productions agréables. Apprécier une première écoute, la réécouter parfois avec beaucoup de plaisir, voire de l’émotion, souvent fugaces. Mais tomber amoureux d’un disque, c’est rare. Ça vous prend par surprise, vous êtes presque méfiant de ce disque beaucoup trop joli pour être authentique. Très vite, vous ne pouvez plus passer une journée sans écouter ce disque au moins trois fois par jour. Si vous n’avez pas le temps alors survient le manque et vous pensez à lui inlassablement. Vous voudriez qu’il soit toujours à vos côtés. Même lorsque vous l’écoutez, vous êtes déjà en train de projeter la fin et le manque surgit alors qu’il est encore là. L’instant présent n’existe plus ? Continuer la lecture de « Nick Wheeldon’s Demon Hosts, Gift (Le Pop Club Records) »

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Drugdealer, Hiding In Plain Sight (Mexican Summer)

Depuis 2016, Drugdealer publie patiemment un nouvel album tous les trois ans. Hiding In Plain Sight rejoint Raw Honey (Mexican Summer, 2019) et The End of Comedy (Weird World, 2016). Derrière ce pseudonyme intoxiqué, Michael Collins. Le musicien est actif depuis le début des années 2010 en solo (Run DMT, Salvia Plath) ou en groupe (Silk Rhodes). Toutefois, son rôle est est ici celui d’un chef d’orchestre et principal compositeur : Michael Collins invite en effet nombre de ses amis à participer à ses disques. Par le passé, Weyes Blood avait par exemple chanté sur Suddenly ou Honey. Peut être très prise par sa propre carrière, elle est absente de Hiding In Plain Sight, mais le casting reste impressionnant. Continuer la lecture de « Drugdealer, Hiding In Plain Sight (Mexican Summer) »

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Michel Cloup, Backflip au-dessus du chaos (Ici d’ailleurs)

« Agite la tête tel un télécran,
secoue, secoue,
le sable pisse par tes oreilles,
secoue, secoue et efface tout »

On sait gré à Michel Cloup de ne jamais avoir menti sur la marchandise. Patient soutier des musiques d’ici, entre énervement et introspection, révolution intérieure et constat général alarmant, sa ligne de conduite ne souffre d’aucune pose. Pour ceux qui le suivent sur les réseaux sociaux, on a devant nous un gars normal, qui ne cache ni ses défauts ni sa passion. Il est même affûté quand il s’agit de définir les grands axes de son métier, entre quotidien routier (quand il faut se farcir des milliers de kilomètres en camion), déménagement constant (quand il faut porter les amplis) et flashs scéniques, intenses, qui laissent des traces. Mais aucune plainte à l’horizon, juste un constat lucide sur l’état d’un musicien « underground », « indé », tous ces mots balancés en rafale tous les jours et qui ne veulent plus dire grand-chose, tant ils ont eu un sens un jour. Continuer la lecture de « Michel Cloup, Backflip au-dessus du chaos (Ici d’ailleurs) »

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Duke Garwood, Rogues Gospel (God Unknown Records)

En 2018, l’anglais Duke Garwood publia en avec son complice Mark Lanegan l’album With Animals via Heavenly Recordings. Aussi sombre que la poix, ce disque eut le mérite d’illuminer nos soirées d’hiver et surtout d’éclairer la carrière de Garwood, musicien londonien proche des Archie Bronson Outfit. Un type bien donc. Depuis la sortie de ce disque, Mark Lanegan a cassé sa pipe, non pas à cause de ses errements passés, mais à cause de la pandémie de Covid 19. Du fléau, il en est question dans ce disque car il fut enregistré par Garwood lors du confinement de 2020 avec le batteur Paul May (déjà présent sur les disques de la période Heavenly Recordings). Rogues Gospel quitte les atmosphères sombres dessinées par la route commune tracée avec feu Mark Lanegan. Garwood repart à l’assaut de ses obsessions sonores, à savoir ces mélopées shamaniques qui avaient séduit un certain James Nicholls alors tout jeune patron du label Fire Records. Continuer la lecture de « Duke Garwood, Rogues Gospel (God Unknown Records) »

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Collectif, Beatriz MMXXI (Le Paradoxe du singe savant)

A chantar m’er de so qu’eu no volria
Je chante ce que je préfèrerais taire

Tout commence par une statue.

Aucune statue n’est anodine, on le sait depuis longtemps, on le sait aussi depuis Bronze de Bertrand Belin, une chanson pas anodine sur la vanité de qui érige.

Sur la place de l’Évêché de Die, plus souvent appelée par les habitants “place de la Comtesse”, se trouve un buste à l’origine de ce nom d’usage, érigé par des occitanistes du XIXe siècle. Il représente Beatriz, comtesse de Die.

Il est facile, comme partout, de passer à côté, et c’est ce que longtemps peut-être Kate Fletcher, résidente du pays diois qui a notamment publié le formidable Theories of Entanglement l’an passé, a fait : passer à côté, jusqu’à ce que Sofia Neves attire son œil et/ou son oreille sur la comtesse. C’était en 2015. Continuer la lecture de « Collectif, Beatriz MMXXI (Le Paradoxe du singe savant) »