Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Ron Sexsmith, The Vivian Line (Cooking Vinyl)

Ron sexsmith th vivian lineRon Sexsmith a déboulé dans nos vies en 1995 avec un disque qui était programmé pour régner sur le monde. Interscope Records avait en effet recruté Mitchell Froom et Tchad Blake pour le son, Daniel Lanois pour les photographies… Il faut dire que l’ami Ron avait (et a toujours) des arguments solides. Il suffit d’écouter Secret Heart et de se lancer bercer par In Place of You pour se laisser convaincre facilement. Sexsmith a ce génie d’écrire des chansons qui ont le pouvoir de changer votre quotidien. Elles vous désarment par leur simplicité, elles vous enchantent par leur mélodie. Mais l’affaire n’a pas fonctionné. Trop ou pas assez, l’ami Ron est resté coincé dans l’ombre et a dû se résoudre à jouer les seconds rôles. Bon an mal an, il a tenté de forcer le destin en publiant une petite dizaine de disques entre 1996 et 2008. Tous réussis, ils ont eu le chic de ne jamais être à la mode dans le passé et n’ont donc pris aucune ride. Et c’est un euphémisme d’écrire qu’on tuerait aujourd’hui pour avoir un type capable d’écrire les douze chansons d’un disque comme Retriever (2004). Continuer la lecture de « Ron Sexsmith, The Vivian Line (Cooking Vinyl) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Vanille, La clairière (Bonbonbon)

Certaines personnes ont pour mission de remettre de la tendresse et une pincée de féerie dans nos cœurs, d’y apporter un rayon de lumière pour sortir des bois sombres et touffus. La clairière, deuxième album de l’autrice-compositrice-interprète canadienne Rachel Leblanc, connue sous son nom de scène Vanille, embarque des balades pop-folk aux airs faussement simplistes et désinvoltes. Ce deuxième album, signé avec le label indépendant Montréalais Bonbonbon, ne se prive pas de mélancolie et aborde discrètement des sujets teintés d’amertume tels que ceux de l’oubli et de la rupture amoureuse. Connue pour des chansons rock indé adulescentes, Vanille offre ici un disque mature où se côtoient folk sixties façon Shirley Collins, Vashti Bunyan ou Bridget St John et certains accords pop-rock qui ne sont pas sans rappeler les débuts de Lush, période Sweetness and light ou Etheriel. Continuer la lecture de « Vanille, La clairière (Bonbonbon) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Robert Forster, The Candle And The Flame (Tapete)

Robert ForsterLa pop n’a jamais été particulièrement bien équipée pour restituer le gigantesque entre-deux du sentiment amoureux. Et pour cause. Musique adolescente conçue pour accompagner les découvertes juvéniles, elle s’est essentiellement concentrée sur l’évocation des brasiers initiaux de la passion et des tourments hyperboliques de la séparation. Le coup de foudre à un bout, la rupture à l’autre. Entre temps, pas grand-chose à chanter du couple et de son quotidien quand ils ne sont plus imprégnés de l’élan extatique originel – et avec toute l’admiration due à Graham et Joni, Our House, ça va cinq minutes : on ne passe pas une vie à s’ébaubir quand l’autre a simplement le bon sens de donner à boire aux fleurs qu’on vient d’acheter au marché – et qu’ils n’ont pas pour autant amorcé un quelconque déclin. Que trouver à dire d’intéressant quand rien ne change ? Peut-être simplement que derrière les apparences du calme plat se dissimulent ces petites touches incrémentales d’approfondissement qui naissent, imperceptiblement, du partage des routines et de l’accumulation des souvenirs communs. Et des épreuves aussi, qui confirment parfois ce que l’on savait depuis longtemps mais qui peuvent révéler aussi une partie encore cachée de cette même vérité implacable –  à quel point il semblerait impossible de les affronter avec quelqu’un d’autre que l’être aimé. Heureusement, quelques-unes de nos idoles adolescentes ont eu le bon goût de vieillir avant nous et d’éclairer cette partie tout aussi essentielle du chemin. De plus en plus loin des débuts, de plus en plus proche des échéances dramatiques. Continuer la lecture de « Robert Forster, The Candle And The Flame (Tapete) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Yo La Tengo, This Stupid World (Matador)

Yo La Tengo, This Stupid World (Matador) Trente-cinq ans… Un bail, presque une vie d’adulte… Je me souviens parfaitement de ce disque (New Wave Hot Dogs, 1987), de cette pochette et de ce groupe au nom étrange, dont un ami, un peu plus âgé, mieux informé, me faisait chaudement la retape. À l’époque, estampillés « from Hoboken », Ira Kaplan et Georgia Hubley marchaient sur les brisées des Feelies, mais leur musique, quoique attendrissante dans ce qu’elle avait de primesautier, pour ne pas dire d’immature, restait contrainte dans sa gangue d’influences. Puis, les années ont passé, les albums se sont empilés, et peu à peu, sans vraiment faire de vagues, sans jamais générer beaucoup d’émoi, avec ce sens de la persévérance qui n’appartient qu’aux gens humbles, mais doués, Yo La Tengo a pris de l’épaisseur, de la moelle. Continuer la lecture de « Yo La Tengo, This Stupid World (Matador) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

PICOT, Alimentation Générale (Howlin’ Banana)

En 2018, Brace! Brace! avait obtenu un beau succès d’estime grâce à un très réussi deuxième album. Nous sommes ravi de retrouver Thibault Picot, le guitariste de cette jolie formation française, pour une escapade en solitaire. Toujours signé chez l’infatigable Howlin’ Banana (Pop Crimes, EggS, TH da Freak, Special Friend, Cosmopaark, Tapeworms…), il sort Alimentation Générale, son premier EP sous le blase PICOT. Les quatre titres ne semblent malheureusement disponibles qu’en numérique, un regret tant ils forment un ensemble prometteur. Nous sommes en tout cas ravis d’y retrouver les mélodies sinueuses qui faisaient le charme de Brace! Brace! (2018). Continuer la lecture de « PICOT, Alimentation Générale (Howlin’ Banana) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , , , , ,

Kali Malone, Stephen O’Malley et Lucy Railton, Does Spring Hide Its Joy (Ideologic Organ)

Living Torch, son précédent disque paru en 2022 , nous avait définitivement convaincu de l’importance de l’œuvre de Kali Malone. Sa prestation au festival Akousma x Présences électronique en 2021 aussi, impressionnante par sa manière de s’approprier le double héritage des musiques électro-acoustiques et du minimalisme drone.  Une inscription revendiquée au sein d’une filiation précisément déterminée : on pense à La Monte Young évidemment, mais aussi à Eliane Radigue et Phill Niblock, comme trois figures matricielles d’un travail autour du son et de son étirement temporel. Et c’est ce qui frappe lorsque l’on aborde les pièces de la compositrice et musiciennes américaine, aujourd’hui établie entre la Suède et la France, à savoir la radicalité d’une approche visant une certaine sensibilité méditative. Continuer la lecture de « Kali Malone, Stephen O’Malley et Lucy Railton, Does Spring Hide Its Joy (Ideologic Organ) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Forever Pavot, L’Idiophone (Born Bad Records)

Mine de rien, cela faisait six longues années qu’Émile Sornin ne nous avait pas donné de nouvelles sous la forme d’un long format. Après Rhapsode en 2014, un début tonitruant, Forever Pavot revenait trois ans plus tard avec l’excellent et plutôt intrigant La PantoufleL’Idiophone, publié ces jours-ci (le 3 février 2023 pour être précis), chez Born Bad (Bryan’s Magic Tears, Star Feminine Band, Pleasure Principle …), semble formé le troisième jalon d’une trilogie. Depuis Le Passeur d’Armes, les obsessions de Forever Pavot pour les bandes originales françaises des années 60/70 se sont précisées. Il y a du François de Roubaix, du Michel Legrand, peut être même du Vladimir Cosma là-dessous. Continuer la lecture de « Forever Pavot, L’Idiophone (Born Bad Records) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

The Tubs, Dead Meat (Trouble In Mind)

Attendions-nous quelque chose de Dead Meat, le premier album de The Tubs ? La réponse est non. Il y a encore quelques semaines, nous ne connaissions pas ce groupe londonien formé sur les cendres de feu Joanna Gruesome et signé depuis peu chez les chicagoans Trouble In Mind Records. (Lithics, Dummy, Melenas, En Attendant Ana). Est-ce que ce premier album donne toute satisfaction ? La réponse est oui, un grand oui même. Et c’est une grande surprise car la rencontre avec les chansons de ces quatre mousquetaires n’était pas évidente. Il faut en effet d’abord franchir la (mauvaise) surprise que constitue la pochette de ce disque. Cette dernière a le chic de refroidir toutes les personnes qui avaient des a priori sympathiques à propos du groupe. Une fois franchi ce cap, c’est la terre promise. En effet, les Tubs sont de vrais carnassiers, des hyènes musicales qui braconnent sur toutes les terres. Un peu de Commotions par ici, un peu de l’épatante compilation Strum & Thrum par là… Et surtout des guitares partout. Pour un résultat plus que maitrisé. Continuer la lecture de « The Tubs, Dead Meat (Trouble In Mind) »