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Cochon Double, En attendant de mourir (Hummus Records)

Comme souvent, ça commence par une invitation par mail de la salle semi-clandestine du coin, la meilleure, brillante et précieuse, par un lien vers un soundcloud ou un bandcamp, et puis l’illumination vient (ou pas) – d’ailleurs à ce propos, NB : c’est marrant comme le son d’un groupe peut convaincre quasiment dans la seconde, qu’il n’y ait pas besoin d’une écoute torturée pendant des heures, mais que l’envie d’aller plus loin se pose comme une évidence : traîner ses guêtres de vieux fonctionnaire (« en grève jusqu’à la retraite » est écrit sur un mur près de chez moi) parmi les étudiants des arts déco et les jeunes gens punks au RSA pour vérifier si le groupe tient la route en concert, tient les promesses de son enregistrement, et pas que. En général, j’avoue, comme je suis plutôt bon public, je suis vite émerveillé. Continuer la lecture de « Cochon Double, En attendant de mourir (Hummus Records) »

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Those Pretty Wrongs, Holiday Camp (Curation Records)

L’essentiel semble d’emblée condensé dans la grâce d’un titre. New September Song en l’occurrence, comme un clin d’œil presque trop évident adressé au poids de l’Histoire passée – September Gurls –  et une promesse de renouveau d’arrière-saison. Quelques mois après son soixante-dixième anniversaire, Jody Stephens aurait pu songer à savourer la tranquillité d’une retraite musicale bien méritée en se reposant paisiblement sur les lauriers du culte : personne n’aurait songé à l’en blâmer, encore moins à l’en extraire. Que le dernier membre survivant de Big Star consacre même une partie de son temps à entretenir le legs auquel il a lui-même apporté une contribution importante en assurant la codirection des studios. Continuer la lecture de « Those Pretty Wrongs, Holiday Camp (Curation Records) »

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Froid Dub, Deep Blue Bass (Delodio)

C’est comme une montre calculatrice que ta grande tante te ramène de l’empire du milieu au mitan des 80’s. Sauf qu’elle est possédée et enrichie par tout ce qui est arrivé depuis. Et que tu es prêt à défoncer des cartons de déménagement pour en retrouver immédiatement la trace. Où comme le jour de la mort d’Andrew Weatherall et que tu t’es évertué à réécouter tout 2 Lone Swordsmen* et que tu en as peut-être déduit que c’était le meilleur truc qu’il avait jamais fait. Où quand tu avais pensé que Trevor Jackson était Dieu et que Bosco étaient des mariolles, tu te prends la vérité en face, tu n’avais pas raison car tout est question de maturité, de dosage même dans l’excès inversé. Continuer la lecture de « Froid Dub, Deep Blue Bass (Delodio) »

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Simon Rowe, Everybody’s Thinking (Big Potato)

simon rowe everybody's thinkingQuand ils étaient jeunes, ils aimaient bien faire du bruit avec leurs guitares. Quand nous étions jeunes, nous avons parfois pris plaisir à les écouter. Au-delà de ces quelques réminiscences triviales, il n’y avait pas forcément grand-chose à attendre, en 2023, de ce qui ressemblait fort à une réunion d’anciens combattants du shoegaze organisée par un second rôle un peu vite oublié. Certes, le générique est éloquent. Ils sont venus, ils sont tous là, réunis autour de Simon Rowe pour apporter leurs écots, plus ou moins conséquents à celui dont ils ont croisé la route pour la première fois il y a plus de trente ans :  presque tous les ex-Chapterhouse dont Rowe fut l’un des membres fondateurs, Neil Halstead et Ian McCutcheon (Mojave 3) qu’il accompagna dans la deuxième moitié des années 1990 et même Hamish Brown (Revolver) à la basse. Cela prouve indéniablement que Rowe est un chic type à même de nouer et d’entretenir des amitiés musicales durables. Pas qu’il soit en mesure de publier, à cinquante ans passés, un premier album solo digne d’un intérêt considérable. Continuer la lecture de « Simon Rowe, Everybody’s Thinking (Big Potato) »

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The Lost Days, In The Store (Speakeasy Studios)

the lost daysLes trois minutes réglementaires du format canonique de la chanson pop ont toujours constitué un carcan formel à partir duquel les grands auteurs s’efforcent de proposer leurs déclinaisons personnelles. Une référence contraignante et féconde à la fois. Trois minutes donc, ou un peu plus : il y a ceux pour lesquels ce n’est pas assez ; d’autres – plus rares – pour lesquels c’est déjà trop. Depuis quelques années déjà, on sait que Tony Molina est l’un des plus brillants représentants de la seconde option : celle de l’implosion des cadres plutôt que du dépassement progressif. Un as de la distillation, un maître de la condensation. Ici associé à Sarah Rose Janko (Dawn Riding), il prolonge le travail de sape déjà brillamment initié avec son premier groupe, Ovens, ou en solo. Continuer la lecture de « The Lost Days, In The Store (Speakeasy Studios) »

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Sister Iodine, Hollozone (Nashazphone)

On se souvient d’un concert de Sister Iodine aux Instants Chavirés vers la fin des années 2000, qui nous avait totalement chamboulé : la puissance cathartique de la prestation du power trio avant-noise, sa radicalité et l’extrême sophistication de sa déconstruction de l’héritage no-wave, nous avait définitivement convaincu de son importance au sein du paysage des musiques expérimentales. Véritable chainon manquant entre un rock bruitiste — axe Glenn Branca/Sonic Youth (période Bad Moon Rising) — et l’abstract noise électronique — axe Mego/Pan Sonic/Wolf Eyes — , Sister Iodine fait figure de point d’ancrage pour toute une scène française et internationale. Actifs depuis 1992, Lionel Fernandez, Erik Minkkinen et Nicolas Mazet ont en effet élaboré une œuvre à la radicale insularité : formes et formats dont il s’agit de dissoudre les cadres trop établis et contraints, en hybridant d’une manière totalement libre noise, post-rock, power electronic, hardcore ou encore électro-acoustique. Continuer la lecture de « Sister Iodine, Hollozone (Nashazphone) »

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Jad Fair & Samuel Locke Ward, Happy Hearts (Kill Rock Stars)

Jad Fair Samuel Locke WardAprès avoir enregistré la bagatelle de 180 albums – en solo ou sous la bannière de Half Japanese-, et interprété au moins 2000 chansons, Jad Fair avait-il encore besoin de sortir un nouveau disque ? Pour être honnête, même les fans les plus acharnés auront ces derniers temps peiné à suivre les pérégrinations musicales de leur héros, tant sa cadence stakhanoviste de production est devenue infernale (une centaine d’albums en 2021, rien que ça). Mais voilà que l’outsider le plus prolifique de l’histoire de l’indie rock revient avec Happy Hearts, un nouvel album primesautier et diablement cool sorti chez Kill Rock Stars, qui s’impose déjà comme l’une des belles surprises de l’année 2023. Continuer la lecture de « Jad Fair & Samuel Locke Ward, Happy Hearts (Kill Rock Stars) »

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Pleasure Principle, Buvez Le Poison (Born Bad)

Trois ans après un premier album très attachant, Paul Ramon, croisé chez Bryan’s Magic Tears, Skategang, The Dolipranes ou La Secte du Futur, revient sous le nom de Pleasure Principle, son projet personnel. Toujours publié par Born Bad Records (Forever Pavot, Star Feminine Band…), Buvez Le Poison confirme la place particulière du musicien dans la scène hexagonale actuelle. Faisant le choix de s’exprimer principalement en français, Pleasure Principle pratique une pop dansante bricolée aux horizons infinis. Enregistré à la maison, sans contrainte, Buvez Le Poison a gardé de l’approche DIY un goût pour l’expérimentation. Continuer la lecture de « Pleasure Principle, Buvez Le Poison (Born Bad) »