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Je déteste la musique

Schädel mit Kerze (Crâne avec bougie), Gerhard Richter, 1983
Schädel mit Kerze (Crâne avec bougie), Gerhard Richter, 1983

Sortir de la nuit : marcher vers la lumière — ne pas atteindre le bout du chemin. Peut-on, par l’entremise de la peur et de la désolation, perdre jusqu’à la dernière fonction émotionnelle ? Peut-on, sous la menace du temps qui file entre nos mains, craindre même l’écoulement de la chanson ?

J’écris ici à la lumière d’une bougie. Autrement dit : encore tapi dans la nuit, observant grâce au début d’un regain de lumière, ce qu’il manque encore de jour à la vie. Je voudrais que revienne mon attention au monde car je l’ai perdue. Des mois que je n’ai pas écouté le commencement d’une chanson sans que mon esprit s’égare et se referme. Des jours que je n’ai pas ressenti le début d’une émotion claire et distincte. Des heures que je n’ai pas appartenu à l’humanité pleine et entière. Continuer la lecture de « Je déteste la musique »

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La Bonne Vitesse

À propos du coffret Deluxe de « Power, Corruption & Lies » de New Order (Part 2)

Il en faut peu parfois, pour se rappeler à de souvenirs presque honteux ou juste un peu farfelus.

C’était il a quelques semaines, dans cette période un peu « confuse » où nous pouvions encore prendre l’apéritif en terrasse, une activité que j’ai beaucoup pratiquée mais dont la régularité est désormais assez aléatoire. De temps à autre, je me laisse aller et la plupart du temps je vais à Le Rochelle*, y papoter de la joie du néant avec ma camarade Maud T. tout en sirotant les pulpades légères que concocte avec soin, l’excellent Stéphane Bodin**. Qui n’est pas le dernier des fans obsessionnels de New Order, il va sans dire. Il a même fait leur première partie à l’Olympia, c’est dire. Il m’arrive d’ailleurs d’y revenir prendre un ou deux digestifs afin de ne converser qu’exclusivement sur ce sujet. Continuer la lecture de « La Bonne Vitesse »

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No shade no shame : Kylie M.

Kylie
L’autre actu de Kylie : sa cuvée de rosé.

Alors que le label Heavenly vient de recevoir les premières épreuves de son livre célébrant ses 30 ans, le bien-nommé Believe In Magic, que Oneohtrix Point Never a sorti son nouvel album Magic la semaine dernière chez Warp et qu’un célèbre lunetier s’affiche sur tous les murs de France avec sa collection Magic by Afflelou, notre Impossible Princess déboule aujourd’hui même – avec un sens du timing qui nous a bien fait rire chez section26 – avec un nouvel album escorté par le single Do You Believe In Magic ?, scintillant comme ce short qu’elle portait il y a, hum, vingt ans, dans le merveilleux Spinning Around, où elle célébrait, euh, sa renaissance *.

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Devenir oiseau

A propos de « Eight Gates », l’album posthume inédit de Jason Molina sorti cet été

Jason Molina Sébastien Berlendis

Eight Gates est le dernier enregistrement de Jason Molina, leader de deux groupes majeurs, Songs Ohia et Magnolia Electric co, qui ont traversé la fin des années 90 pour le premier et les années 2000 pour le second. Eight Gates comporte neuf titres inédits, ne dure que vingt-cinq minutes, il est sorti au début du mois d’août. Continuer la lecture de « Devenir oiseau »

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La Chemise

Au sujet de la sortie du coffret Deluxe de « Power, Corruption & Lies » de New Order

La chemise
La chemise / Photo : Étienne Greib

Il y a environ 25 ans, je collaborais à un fanzine top délire dont l’intitulé Panzerfaust has Sex W/ Bobby Briggs laissait entendre qu’on en avait suffisamment rien à foutre – et pourtant, la vie nous prouverait le contraire – pour tout se permettre.
Douce ironie des post slackers associés à la malévolence des riot grrrls, nous étions d’une idiotie rare et encore juvénile malgré nos quarts de siècle. Je me souviens que j’avais fait un petit mot d’humeur sur le coffret des Pet Sounds Sessions des Beach Boys qui sortait à l’époque (Pfiou, time flies, comme ils disent au pub) où j’ironisais fièrement sur le comportement parfaitement rétrograde qui allait devenir le moi d’après. Continuer la lecture de « La Chemise »

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Landfill Indie : retour sur l’indie-rock des années 2000

The Cribs
The Cribs / Photo : Steve Gullick

Depuis quelques mois, le débat sur le Landfill Indie resurgit dans les pages (virtuelles) de la presse anglaise, notamment chez Vice, The Guardian, ou le NME (qui le défend bien sûr). Le nom attribué à ce genre a de quoi surprendre, Landfill signifiant littéralement décharge. Dans la grande tradition des genres aux noms moqueurs (Shoegaze, Krautrock), le nom s’imposera-t-il définitivement ? Peut-être comme de nombreuses autres insultes, il sera porté en étendard par ceux qui en ont été victime. Continuer la lecture de « Landfill Indie : retour sur l’indie-rock des années 2000 »

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L’Italie me manque

ou l’écoute de façon continue de « Immensità » d’Andrea Laszlo de Simone

Il n’y aura pas d’Italie cet été, et pour me consoler de l’absence de mes paysages familiers, j’écoute de façon continue le dernier album d’Andrea Laszlo de Simone, Immensità, sorti au début du printemps 2020. De façon continue et en boucle tant l’album est court. Il ne comporte que quatre titres et dure vingt-cinq minutes et quelques secondes. ll n’y aura pas d’Italie mais il y a la mer, celle de Marseille d’abord, celle de Corse bientôt après les onze heures de traversée nocturne qui doivent me mener à Ajaccio, retrouver les miens. Continuer la lecture de « L’Italie me manque »

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The Damion inside me

Retour sur un album de Tim Hardin, « Suite for Susan Moore and Damion » (1969)

Tim & Damion Hardin

Comment peut-on à ce point, et en toute mauvaise foi, s’accrocher à une promesse, comme d’autres à un rêve ? Depuis le temps que je ressasse tout ça, il est pourtant à peu près clair que jamais je ne me déciderai à rendre visite à Damion.

Damion et moi avons sensiblement le même âge. Je suis né une poignée de jours avant l’accident de moto de Dylan, et lui peu de temps après. Il passa d’ailleurs ses premières années près de Woodstock, à quelques encablures de là où un Bob Dylan convalescent portait le deuil de sa Triumph 500 fracassée. Ensuite, la majeure partie de son enfance eut pour cadre Hanover, New Hampshire. Dans le pli des 70’s, 220 miles tout au plus nous séparaient. A 8-9 ans, nous avions les mêmes jeux, probablement la même vie, à l’absence d’un père près. Continuer la lecture de « The Damion inside me »