Catégories billet d’humeur, chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Big Thief, ou comment rencontrer son groupe préféré à 38 ans (3/7)

Troisième épisode : Cattails

Swamps depuis le train / Photo : Clément Chevrier
(Lire l’épisode précédent ici)

(You’ll be riding that train in late June / With the windows wide by your side)

Tôt le jour suivant la fin de Tinals, direction Marignane avant de monter dans un premier avion pour Paris, puis un deuxième pour Atlanta, puis enfin un troisième jusqu’à Charleston, Caroline du Sud. Nous nous rejoignons là-bas, Maggie – partie quelques jours auparavant – et moi, afin de passer une première partie de nos vacances avec sa famille, qui loue une maison dans le coin tous les ans – ils sont de l’Ohio. Continuer la lecture de « Big Thief, ou comment rencontrer son groupe préféré à 38 ans (3/7) »

Catégories billet d’humeur, chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Big Thief, ou comment rencontrer son groupe préféré à 38 ans (2/7)

Deuxième épisode : Mary

Big Thief TINALS 2019
Big Thief au TINALS 2019 / Photo : Clément Chevrier
(Lire l’épisode précédent ici)

Un festival est une cérémonie, car il est une occasion du sacré.

C’est très important. Pas : très sérieux. Non, très important.

Depuis les Rock au Max clermontois du siècle dernier, depuis l’an 2000 et un premier Benicàssim, chaque année sans festival constitue une année moindre, parce que la vie change alors mieux qu’ailleurs.

En tant que récent Nîmois, Tinals représente un rêve réalisé, celui de dormir dans son lit après les effusions de la meilleure programmation indie de la saison, entre confidences et têtes d’affiche. Et on retrouve des trognes de nos petites internationales du goût, on en rencontre d’autres, on sourit et on danse beaucoup, on dodeline ou on crispe la mâchoire autour d’une cigarette en traversant les plus brutaux des émois, c’est selon et à la discrétion de chacun. Continuer la lecture de « Big Thief, ou comment rencontrer son groupe préféré à 38 ans (2/7) »

Catégories billet d’humeur, chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Big Thief, ou comment rencontrer son groupe préféré à 38 ans (1/7)

Premier épisode : Contact

Photo : Clément Chevrier

Printemps 2019. Depuis quelques semaines, les trajets entre Arles et Nîmes ont définitivement remplacé ceux entre Arles et Marseille. La vie est dans la même gare, mais sur un autre quai, pour une autre direction. Et je me revois, sur ce quai, lire après une journée de travail un message de Zach : “Le nouveau Big Thief est une merveille, il me fait penser à Berlin [de Lou Reed]”, ou “En parlant de Berlin, il faut écouter le nouveau Big Thief”, je ne sais plus, ça devait être mieux tourné que ça, il tourne mieux ses phrases. Je sais cependant, je me souviens qu’il m’a d’abord vendu l’affaire, en filou, en passant par un de mes talons d’Achille, Berlin, un du genre copie cassette essorée dans les bus du collège puis du lycée. C’était il y a plus de vingt ans, et c’était à ce point. Les écoutes obsessionnelles, favorisées par l’adolescence et par ses trajets faiblement sociaux selon l’individu, son adaptation, sa chance. Et connaissant Zach, et sachant comme il me connaît, je comprends que ce disque de Big Thief est à considérer attentivement. C’est ce qui est dit dans sa phrase.

Je lui fais confiance. Continuer la lecture de « Big Thief, ou comment rencontrer son groupe préféré à 38 ans (1/7) »

Catégories billet d’humeurÉtiquettes , , ,

Have you ever FELT?

pierre le tan illustrateur mort
Pierre Le Tan pour la couverture Folio de « Rue des Boutiques Obscures », Patrick Modiano

Ce fut par un après-midi d’été qui ne semble en rien différent à tant d’autres, de ceux qui se versent sans effets les uns dans les autres, qu’au détour d’un verre, j’avoue à Thomas S. – à peine honteux – que je ne comprends pas un traître mot à l’affirmation « heureux détenteur du 06 de Lawrence-de-Felt » qui orne le fanzine de niche dont il est l’un des fondateurs.

Je viens d’y signer un minuscule confetti de texte et j’ai alors la jeunesse nécessaire pour revendiquer mon ignorance lorsque je lui jette au visage  : « Mais qui est Lawrence-de-Felt ? ». J’ai deux hypothèses ce jour-ci, elles sont toutes fausses, j’en dispense donc les lecteurs. Je les dispense aussi des réponses qui me sont proposées par Thomas S. : elles sont, sur ce média, bien représentées.

Continuer la lecture de « Have you ever FELT? »

Catégories billet d’humeurÉtiquettes ,

Indie Commandements

Factory Records FAC53
FAC53

Ni état des lieux de ce premier quart de XXIe siècle, ni texte à valeur historique. En quelques pages, faits et une poignée d’anecdotes, juste l’envie de rappeler que l’indépendance, en musique et parfois ailleurs, c’est peut-être avant tout un état d’esprit. Continuer la lecture de « Indie Commandements »

Catégories billet d’humeurÉtiquettes , , ,

Lispector without a map

Lispector
Julie – Lispector / Photo : Katura Jensen

Sur un forum de Belle & Sebastian, je découvre son nom et une adresse e-mail, on est aux alentours de 2001 / Je la contacte pour sortir en France son disque Human Problems & How to Solve Them (celui avec l’image du cheval sur du papier millimétré) avec mon label Antimatière / Julie est d’accord / Je viens à Paris pour discuter avec mon distributeur Chronowax. C’est Jérôme Mestre qui me reçoit et qui me passe un savon pendant une demi-heure : on ne peut pas travailler comme ça, la pochette souple en plastique transparent, l’absence de code barre… mais finalement il veut bien le faire / Continuer la lecture de « Lispector without a map »

Catégories billet d’humeurÉtiquettes ,

Fabio V.

Fabio Viscogliosi / Photo : Objet Disque – Philippe Lebruman
Fabio Viscogliosi / Photo : Objet Disque – Philippe Lebruman

Toujours, ces deux chansons ont formulé un surgissement. A Spasso et Ancora Tu. Deux étoiles gigantesques coincées dans une mappemonde décidément trop réduite. Elles venaient là, à traîner, magnifiquement leur mélancolie, leur paroi de calcaire glacée de mistral. Calcaire trop blanc, musique trop belle. Quel surgissement à chaque fois que ces deux chansons, avançant avec indolence, dans le R/O/C/K/Y de The Married Monk, formant comme une rêverie renouvelée. C’est un disque tavelé de rancœur, de douceur, de funambulisme et de mille autres aspects étincelants ou pas. Continuer la lecture de « Fabio V. »

Catégories billet d’humeur, chroniquesÉtiquettes , , ,

The Feelies, Higher Ground (A&M Records)

On peut être heureux dans la vie sans écouter les Feelies. J’en connais qui y parviennent. Pour des raisons qui m’appartiennent, je les vois rarement, pour ne pas dire jamais. Et puis il y a les autres, qu’avec le temps j’identifie d’un regard. Ceux à qui la simple évocation du groupe file la banane doublée en peau de velours. À me lire, on pourrait croire que j’évoque un club souterrain pour initiés frustrés, donc difficile d’accès. Il n’en est rien. Les disques des Feelies sont en vente libre. On ne parle pas là de free jazz, de musique concrète, sérielle ou post-industrielle. Comme tous les groupes audibles après l’invention du phonographe, le quatuor du New Jersey oscille sans se soucier du temps et des modes qui passent entre rock, pop et folk depuis 1980. Continuer la lecture de « The Feelies, Higher Ground (A&M Records) »